Cela fait 13 ans que les effectifs d’étudiant·es augmentent. Cette année : +2,5 % (73.000 étudiant·es supplémentaires, soit 2,97 millions d’étudiant·es). En 10 ans le nombre d’étudiant·es à l’université a bondi de 20 %. Dans le même temps, le nombre d’enseignant·es-chercheur·ses a… baissé de 1,7 %.
Faute de places dans l’enseignement supérieur public, faute de personnel tant administratif qu’enseignant et de locaux, des dizaines de milliers de bachelier·ères et de licencié·es ne trouvent pas de formation du tout, ou sont poussés vers le privé (notamment les BTS sous apprentissage et les écoles de commerce et gestion). Dans ces conditions, la prévision du ministère de départs en retraite massifs de personnels (+8,4 % cette année, +53 % d’ici 2029 pour les enseignant·es-chercheur·ses) laisse songeur…
Car la carrière, entre précarité et appauvrissement, attire de moins en moins. Le point d’indice a perdu 20 % de sa valeur depuis 2000. La revalorisation cet été du point d’indice de 3,5 % ou les quelques revalorisations de primes individualisées sont déjà mangées par l’inflation (6,1 % en un an en juillet 2022).
Ce n’est pas la loi de Programmation de la Recherche (LPR) qui va répondre à cette urgence : comme la CGT FERC Sup le dénonçait, elle n’a pas permis d’augmenter le nombre de postes, mais elle accroît la précarité (chaires de professeurs juniors et budgets ANR ne permettant que de recruter des contractuel·les).
Le dernier classement de Shanghaï, publié cet été, marque l’entrée de nouvelles universités françaises dans le « Top 500 » : grande victoire ? Les étudiant·es qui n’ont pas de place et qui subissent des conditions d’étude déplorables, ainsi que les personnels qui se démènent tant bien que mal, n’en ont que faire ! Même du point de vue de certains dirigeants, ce classement, qui a servi de justification idéologique aux restructurations de l’Enseignement supérieur et de la Recherche depuis quinze ans (LRU, fusions, établissements expérimentaux, etc.) perd de sa superbe. La nouvelle ministre, Mme Retailleau, le reconnaît elle-même : « les classements ne sont évidemment pas l’alpha et l’oméga ». Et le gouvernement chinois, pourtant à l’origine du premier classement, a suggéré aux universités chinoises d’en sortir…
Et qu’annonce le Président Macron ? « La fin de l’abondance » ! Mais pour qui ? Les golfs vont rester verts, les jets et les yachts privés ne seront pas inquiétés, les rentiers du CAC40 continueront de voir leurs revenus augmenter de plus de 30 % par an : des milliards d’euros continueront à pleuvoir sur les plus riches, l’industrie du luxe va rester florissante… Mais les universités vont continuer d’organiser la pénurie, l’inflation va continuer de manger nos salaires et pensions, nos systèmes de retraites vont être une nouvelle fois attaqués !
Il est encore temps de se mobiliser pour arrêter ce gâchis !
Car lorsque les travailleur·ses décident de rentrer dans la lutte pour défendre leurs intérêts, maintenir les conquêtes sociales, arracher des négociations et des augmentations, obtenir des recrutements supplémentaires, empêcher la fermeture de sites ou d’établissements, ils peuvent gagner, comme cela a été le cas cet été même à de nombreux endroits !
La CGT FERC Sup appelle tous les personnels à se réunir dès la rentrée en Assemblées générales pour discuter des revendications (salaires, retraites, conditions de rentrée et de travail…), et décider d’actions à mener à la hauteur des colères et des injustices : pétitions, tractages, rassemblements, mobilisations, grèves, … La CGT appelle d’ores et déjà tous et toutes à se mobiliser par la grève et la manifestation le 29 septembre 2022.